Voici donc, ici, les premières traces, étranges, énigmatiques, de l’once, retrouvées dans les boîtes mails de différent.e.s chercheurs.euses en sciences sociales, mais aussi d’employé.e.s de l’ANPE (maintenant pôle emploi), et de bien d'autres administrations et entreprises encore, tant les destinataires de mes étranges courriels ont été depuis le départ, et sont toujours, varié.e.s.
Et puis, sur les tâches de neige, mais uniquement sur elles, des traces.
Etranges.
De pattes. Mais ce n’est pas le renard : elles sont plus grosses, et sans griffes.
Des pattes sans griffes ?
Cela serait donc un félidé ?
Je regarde les traces : uniquement sur la neige … un félidé uniquement sur la neige ? Ne serait-ce pas un once ? Le redouté félin des montagnes … que fait-il ici, dans les collines, si loin dans la plaine ?
Mystère. C’est que l’once est toujours nimbé d’une auréole de mystère… mais ces traces de l’once me font plaisir : la réputation de l’animal le précède et personne n’ose s’y attaquer. C’est que l’once fait peur, même par ses simples traces …
Le redouté félin des montagnes, descendu si loin dans la plaine ? Que se passe-t-il, tout de même, de si inhabituel, de si grave, pour en arriver là ?
Des traces de pattes animales, assez grosses, et sans griffes visibles.
Aucune autre trace en ces lieux hostiles, parcourus par le blizzard.
C'est un désert glacial, genre Sibérie ou Groenland.
Parfois, les traces de pattes sont ponctuées d'autres traces, étranges.
Allons, finalement, cette phrase bien étrange doit être une coquille dans votre manuel.
A quand la prochaine réédition ? A quand l'erratum ?
Las, la voix off, depuis la plage munie de cocotiers où elle se prélasse en ce moment-même à proximité d'un superbe lagon bleu turquoise, reste bien active. Elle me rappelle opportunément que mon scénario ne tient pas la route : non, l'once ne peut lécher la glace pour boire lorsqu'il n'y a même pas de neige pour ce faire.
OK d'accord. Mais j'ai parlé de neige. Puisque l'once ne peut "boire" que la neige et pas la glace dépourvue de sa couche de neige, à mon tour, je rétorque à la voix off : "regarde bien, tiens", avant d'actionner la tirette, blanche, du rideau.
Et, dans le décor sibérien, le rideau de neige tombe, répandant au sol une couche, haute et salvatrice, de doux flocons d'eau cristallisée.
Cristalline …
La voix off reprend : "et interdit aussi de faire tomber de la manne du ciel, hein : la manne, c'est dans la Bible, c'est pas en Sibérie, OK ?!".
Ah oui, l'once devrait s'estimer heureuse d'avoir à boire sous forme de neige par -30°, et ne pas avoir l'estomac qui gargouille et crie famine, à force d'absence de proies ?
Bah, je vais bien trouver une solution …
Que le blizzard
Vaut mieux que le hasard
Et que la peau de l'once
Qu'elle veut avoir
Est équipée spécial pour le blizzard.
La voix off n'a pas compris que son paradis serait l'enfer de l'once, et que son enfer est peut-être bien un presque paradis pour elle.
Il manque juste quelques proies au déjeuner …
Tu veux pas passer ?
Entendant cette remarque, la voix off part, dégoûtée de la vie,
Malgré son hamac, son transat, ses cocotiers et son lagon.
Bref, la voix off, elle est off, comme l'exige la coutume.
Sur ce, je vous dis à très bientôt
La suite au prochain numéro.
Quelques noix ont malencontreusement chuté
Du haut des cocotiers
C'est dangereux, le paradis sur Terre ...
Ma critique envers mon écrit est de ne pas avoir alors ajouté : il s’agit selon moi d’une ultime défense [psychologique] pour ne pas avoir à supporter que ce sont des humains comme vous, comme moi, comme nous, qui ont fait ce mal.
Et non des monstres.
Dit autrement : l’acte inhumain (ou monstrueux) est commis par des humains, est donc partie intégrante de l’humanité.
Et, tout comme celui de ses ancêtres qui savait chasser la vipère, elle n’a cessé d’avancer, reculer, avancer, reculer … technique de chasse si inhabituelle, pour un félin habitué à simplement se tapir puis bondir sur ses proies.
C’est que la vipère est une proie particulière, dangereuse.
Venimeuse.
Mais cela faisait si longtemps,
Bon sang,
Que rien ne bougeait autour de l’once.
Le mouvement, irrésistiblement, attire l’œil et la patte de l’animal chasseur.
Même s’il y a du venin.
L’ancêtre, plus petit, plus domestique, tigré-marron, regarde la scène, puis l’humain qui la raconte. Puis la scène, car lui aussi, en tant que félin, a l’œil attiré par le mouvement.
L’ancêtre est un ancêtre car à cette date l’an dernier, il n’aurait plus pu chasser la vipère. Il n’aurait pas eu la force. Ce n’était pas l’envie qui manquait, juste la force.
La force, déjà bien diminuée, a terminé de le quitter entre le 23 août 2009, veille de la réouverture de l’université Lyon 2, et le 9 septembre, date des soutenances de mémoires de master 2.
Le 9 septembre 2009, cela n’a pas été pour moi une date de soutenance.
Le 9 septembre 2009, cela a été la date de la mort du chasseur de vipère. Celui-là même qui dormait, pas loin, durant l’entretien avec Francine.
Cet écrit est une spéciale dédicace à l’ancêtre qui ne peut plus chasser la vipère.
…
L’once continue, sans pause ni répit, à harceler sa venimeuse proie, et je lui dis : « mais c’est plein de venin, en plus. Comment vas-tu faire pour la manger sans t’empoisonner ? ».
Et l’once répond, d’un grognement que je vous traduis en langage (rappel : les animaux n’ont pas de langage, donc il faut traduire) : « le venin, j’en ai besoin pour faire du sérum. Et la vipère, j’en ai besoin comme proie car j’ai faim ».
Ainsi, cependant que la voix off revient de si loin, couverte de quelques bosses dues à une malencontreuse chute de fruits des arbres, l’once a enfin trouvé sa pitance en ce lieu de relégation qu’est la sibérie.
A moins qu’il s’agisse d’autre chose, dans cette chasse-là, que simplement de trouver pitance ?
C’est une chasse si spéciale, la chasse à la vipère … qui, hormis l’once, et avant elle son ancêtre, aurait le courage de la faire ?
A la fin, quand elle aura tué sa proie, l’once remerciera le serpent pour le précieux venin qu’elle rapportera aux humains.
Les humains, en remerciement au serpent, le mettent quant à eux en caducée.
En attendant cette issue, l’once, de ses yeux félins, à pupille verticale, regarde le serpent venimeux qui la regarde, de ses yeux reptiliens, à pupille verticale, comme un miroir des yeux félins, qui le regardent ... ils sont si ressemblants, ces yeux, entre eux.
Et, chacun/e, de se tenir sur ses gardes.
Ainsi se déroule la chasse à la vipère, dans l’enfer de gel et de glace.
grrrrrrr é e é e é etu é e ele grrrrrrr
RépondreSupprimerBéa grincheuse écrit plus longuement sur ce blog-ci : http://etude-relation-aide-victime-inceste.blogspot.fr/2012/10/blog-post_12.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+LaRelationDaideParLinternetPourLesVictimesDeViolsParInceste+(La+relation+d'aide+par+l'Internet+pour+les+victimes+de+viols+par+inceste)
RépondreSupprimeret c'est beaucoup plus lisible, et très intéressant (puis elle fait aussi de très jolis dessins, qu'elle expose à cet endroit).
Voilà cela me semble plus clair, comme présentation ;-)