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lundi 10 septembre 2012

L’once (panthera uncia) : premières traces

Fouillant les vieux tiroirs de ma boîte mail, voici ce que je trouve, concernant cet animal, qui s’avérera très bientôt omniprésent dans l’histoire – histoire sans fin, à l’instar de celle de Michael Ende,  car à chaque nouvelle inspiration, peut s’ajouter une nouvelle saynète du CREA’tif. L’écriture est œuvre de vie, elle œuvre à pleins poumons, empêche d’expirer celles et ceux qui la respirent, suivent son inspir.

Voici donc, ici, les premières traces, étranges, énigmatiques, de l’once, retrouvées dans les boîtes mails de différent.e.s chercheurs.euses en sciences sociales, mais aussi d’employé.e.s de l’ANPE (maintenant pôle emploi), et de bien d'autres administrations et entreprises encore, tant les destinataires de mes étranges courriels ont été depuis le départ, et sont toujours, varié.e.s.



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Courriel du 26 juillet 2010, 23h48 (extrait)
Cependant que je parle, enfin écris, se déploie un paysage, émergeant du brouillard matinal : des collines. Une forêt de feuillus. Et puis, des tâches de neige résiduelles.
Et puis, sur les tâches de neige, mais uniquement sur elles, des traces.


Etranges.
De pattes. Mais ce n’est pas le renard : elles sont plus grosses, et sans griffes.
Des pattes sans griffes ?


Cela serait donc un félidé ?

Je regarde les traces : uniquement sur la neige … un félidé uniquement sur la neige ? Ne serait-ce pas un
once ? Le redouté félin des montagnes … que fait-il ici, dans les collines, si loin dans la plaine ?

Mystère. C’est que l’once est toujours nimbé d’une auréole de mystère… mais ces traces de l’once me font plaisir : la réputation de l’animal le précède et personne n’ose s’y attaquer. C’est que l’once fait peur, même par ses simples traces …

Le redouté félin des montagnes, descendu si loin dans la plaine ? Que se passe-t-il, tout de même, de si inhabituel, de si grave, pour en arriver là ?

Courriel du 3 août 2010, 18h44 (extrait)

revenons au lieu où nous sommes rendu/e/s en ce début août :
C'est un désert, parsemé de traces.
Des traces de pattes animales, assez grosses, et sans griffes visibles.
Aucune autre trace en ces lieux hostiles, parcourus par le blizzard.
C'est un désert glacial, genre Sibérie ou Groenland.

Parfois, les traces de pattes sont ponctuées d'autres traces, étranges.

Je ne comprends qu'au bout d'un moment : il n'y a pas d'eau, dans ce désert de début août. L'animal a donc mangé de la neige, parfois léché de la glace, pour boire, quand il n'y avait même pas de neige.
Ainsi se déroule la vie dans le désert de Sibérie.

Désert que je quitte pour revenir au centre du sujet du jour : les centres d'intérêts prédominants à un moment donné dans la recherche en sciences sociales, avec un petit tour du côté de l'objectivation participante de Pierre Bourdieu.

Le passage que j'ai préféré, dans son texte, n'est pas cité ci-dessous : c'est ce passage où il explique, vers la fin, de manière un peu plus personnelle, quelques bribes de la violence qu'il peut y avoir envers soi-même, lorsque l'on passe du statut d'homme de la campagne béarnaise, à celui d'enseignant chercheur parisien.

[Mais ici, la suite du courriel ne nous intéresse pas : j’en ai mis un bout juste pour vous montrer où et comment apparaissent les personnages de la présente histoire. D’abord, dans les interstices de présentations de travaux de recherches, de discussions de travaux de chercheurs.euses…de fromage statistique disparu…et puis dans ces interstices, tels des graines semées là, les personnages se mettent à pousser, à grandir, à se développer… jusqu’à former une jungle foisonnante, sur le –riche- terreau formé par ces travaux de recherche et discussions scientifiques.]

Courriel du 10 août 2010 (extrait)

[Le courriel évoque un manuel d’anthropologie de la parenté, rédigé par l’anthropologue Robert Deliège, qui est une lecture conseillée en licence d’anthropologie, et dans lequel il met en doute les chiffres produits, selon lui, sous l’influence des féministes américaines, voire, carrément, par elles, concernant l’inceste. Son argument ? Ces féministes sont promptes à nommer viol, « la moindre caresse paternelle », et là, je viens de vous citer texto le grand monsieur - qui fut, ce jour-là, ajouté  dans la liste des destinataires de mes courriels, car je n’aime pas critiquer les absent.e.s, moi.
Monsieur Deliège ne sait-il pas qu’outre le viol, la loi reconnaît comme passible de sanctions pénales ce qu’il nomme « caresses », et le nomme, même : « agression sexuelle » ?]
Allons, finalement, cette phrase bien étrange doit être une coquille dans votre manuel.
A quand la prochaine réédition ? A quand l'erratum ?



Pendant ce temps-là, dans le blizzard sibérien, je suis toujours les traces de l'animal, que nous avions abandonné il y a de cela environ deux épisodes en arrière.
Las, la voix off, depuis la plage munie de cocotiers où elle se prélasse en ce moment-même à proximité d'un superbe lagon bleu turquoise, reste bien active. Elle me rappelle opportunément que mon scénario ne tient pas la route : non, l'once ne peut lécher la glace pour boire lorsqu'il n'y a même pas de neige pour ce faire.

En effet, argumente la voix off, dans ton blizzard sibérien, nous nous situons bien au-delà des limites de l'oekoumène, en plein permafrost. Partant, si l'once léchait la glace du sol avec sa langue, la langue resterait collée à la glace, tant il fait froid, et ton fauve serait bien embarrassé, sans langue - qu'elle ne peut même pas donner au chat, puisque dans ce désert, il n'y en a aucun.

Par suite, l'once ne peut lécher la glace du sol quand il n'y a pas de neige.

Ceci implique que l'once est bien plus encore dans la panade que ce que tu pensais, et ça tombe bien, me précise illico la voix off, puisque mon but est d'avoir sa peau.

J'ai beau rétorquer qu'une peau d'once mort(e) en état de déshydratation avancée, ce ne sera pas une très belle peau, la voix off veut la peau, coûte que coûte, même si elle doit être moche.

Aussi vrai qu'une bonne once est une once morte.

La voix off me saoûle, la voix off me gonfle. Ce, d'autant plus que je m'apprêtais à la narguer en embrayant sur le thème : "glace à la vanille", "glace à la fraise", "glace à la mangue" … cependant que sur la plage, sous les cocotiers, pas trace de l'ombre d'un marchand de glace.
Bon, eh bien c'est raté : pas de glace, désolée.
OK d'accord. Mais j'ai parlé de neige. Puisque l'once ne peut "boire" que la neige et pas la glace dépourvue de sa couche de neige, à mon tour, je rétorque à la voix off : "regarde bien, tiens", avant d'actionner la tirette, blanche, du rideau.
Et, dans le décor sibérien, le rideau de neige tombe, répandant au sol une couche, haute et salvatrice, de doux flocons d'eau cristallisée.
Cristalline …

La voix off reprend : "et interdit aussi de faire tomber de la manne du ciel, hein : la manne, c'est dans la Bible, c'est pas en Sibérie, OK ?!".
Ah oui, l'once devrait s'estimer heureuse d'avoir à boire sous forme de neige par -30°, et ne pas avoir l'estomac qui gargouille et crie famine, à force d'absence de proies ?

Bah, je vais bien trouver une solution …

… pendant que la voix off, depuis le hamac, la chaise longue ou le transat, demande : "alors le p'tit séjour au goulag, c'est cool, ça roule, ça se passe bien ?".
Je rétorque à la voix off que mieux vaut un goulag sibérien, qu'un étouffoir équatorien.
Que le blizzard
Vaut mieux que le hasard
Et que la peau de l'once
Qu'elle veut avoir
Est équipée spécial pour le blizzard.
La voix off n'a pas compris que son paradis serait l'enfer de l'once, et que son enfer est peut-être bien un presque paradis pour elle.
Il manque juste quelques proies au déjeuner …
Tu veux pas passer ?
Entendant cette remarque, la voix off part, dégoûtée de la vie,
Malgré son hamac, son transat, ses cocotiers et son lagon.
Bref, la voix off, elle est off, comme l'exige la coutume.

Sur ce, je vous dis à très bientôt
La suite au prochain numéro.

Ah ?
Mais auparavant, désolée sans faire exprès, j'ai tiré sur le cordonnet marron et
Quelques noix ont malencontreusement chuté
Du haut des cocotiers
C'est dangereux, le paradis sur Terre ...

Courriel du 24 août 2010, 22h27 (extrait) – il s’agissait d’un courriel intitulé « le viol au masculin : page 188 » où je parlais, donc, du contenu de la page 188 de l’ouvrage « Le viol au masculin », de Daniel Welzer-Lang et répondais au témoignage personnel qu’il nous livrait là, à partir de citations de l’ouvrage « Plaisir honteux ». Parce qu’une agression sexuelle où la victime –ici, lui, en l’occurrence- éprouve du « plaisir », reste une agression sexuelle)

J’ajoute ici une première critique de mon travail [celui-là] (eh oui je me critique même moi-même, c’est infernal !) : je n’ai pas assez poussé mon développement autour de notre « imaginaire du mal ».
Si le mal vient de gens « pas comme nous »,« pas réellement humains » finalement (monstres, criminels, sont perçus comme synonymes), cela veut dire aussi que nous pensons les fauteurs/euses de mal comme d’un type différent de nous.
Ma critique envers mon écrit est de ne pas avoir alors ajouté : il s’agit selon moi d’une ultime défense [psychologique] pour ne pas avoir à supporter que ce sont des humains comme vous, comme moi, comme nous, qui ont fait ce mal.
Et non des monstres.

Dit autrement : l’acte inhumain (ou monstrueux) est commis par des humains, est donc partie intégrante de l’humanité.

****
Pendant ce temps, dans le désert sibérien, au milieu du blizzard et de la neige, l’once s’est, depuis quelques temps déjà, arrêtée autour d’un endroit très précis dans la neige.

Et, tout comme celui de ses ancêtres qui savait chasser la vipère, elle n’a cessé d’avancer, reculer, avancer, reculer … technique de chasse si inhabituelle, pour un félin habitué à simplement se tapir puis bondir sur ses proies.
C’est que la vipère est une proie particulière, dangereuse.

Venimeuse.

Mais cela faisait si longtemps,

Bon sang,
Que rien ne bougeait autour de l’once.
Le mouvement, irrésistiblement, attire l’œil et la patte de l’animal chasseur.
Même s’il y a du venin.

L’ancêtre, plus petit, plus domestique, tigré-marron, regarde la scène, puis l’humain qui la raconte. Puis la scène, car lui aussi, en tant que félin, a l’œil attiré par le mouvement.

L’ancêtre est un ancêtre car à cette date l’an dernier, il n’aurait plus pu chasser la vipère. Il n’aurait pas eu la force. Ce n’était pas l’envie qui manquait, juste la force.
La force, déjà bien diminuée, a terminé de le quitter entre le 23 août 2009, veille de la réouverture de l’université Lyon 2, et le 9 septembre, date des soutenances de mémoires de master 2.


Le 9 septembre 2009, cela n’a pas été pour moi une date de soutenance.


Le 9 septembre 2009, cela a été la date de la mort du chasseur de vipère. Celui-là même qui dormait, pas loin, durant l’entretien avec Francine.

Cet écrit est une spéciale dédicace à l’ancêtre qui ne peut plus chasser la vipère.




L’once continue, sans pause ni répit, à harceler sa venimeuse proie, et je lui dis : « mais c’est plein de venin, en plus. Comment vas-tu faire pour la manger sans t’empoisonner ? ».
Et l’once répond, d’un grognement que je vous traduis en langage (rappel : les animaux n’ont pas de langage, donc il faut traduire) : « le venin, j’en ai besoin pour faire du sérum. Et la vipère, j’en ai besoin comme proie car j’ai faim ».


Ainsi, cependant que la voix off revient de si loin, couverte de quelques bosses dues à une malencontreuse chute de fruits des arbres, l’once a enfin trouvé sa pitance en ce lieu de relégation qu’est la sibérie.

A moins qu’il s’agisse d’autre chose, dans cette chasse-là, que simplement de trouver pitance ?
C’est une chasse si spéciale, la chasse à la vipère … qui, hormis l’once, et avant elle son ancêtre, aurait le courage de la faire ?

A la fin, quand elle aura tué sa proie, l’once remerciera le serpent pour le précieux venin qu’elle rapportera aux humains.

Les humains, en remerciement au serpent, le mettent quant à eux en caducée.

En attendant cette issue, l’once, de ses yeux félins, à pupille verticale, regarde le serpent venimeux qui la regarde, de ses yeux reptiliens, à pupille verticale, comme un miroir des yeux félins, qui le regardent ... ils sont si ressemblants, ces yeux, entre eux.

Et, chacun/e, de se tenir sur ses gardes.


Ainsi se déroule la chasse à la vipère, dans l’enfer de gel et de glace.

2 commentaires:

  1. grrrrrrr é e é e é etu é e ele grrrrrrr

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  2. Béa grincheuse écrit plus longuement sur ce blog-ci : http://etude-relation-aide-victime-inceste.blogspot.fr/2012/10/blog-post_12.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+LaRelationDaideParLinternetPourLesVictimesDeViolsParInceste+(La+relation+d'aide+par+l'Internet+pour+les+victimes+de+viols+par+inceste)

    et c'est beaucoup plus lisible, et très intéressant (puis elle fait aussi de très jolis dessins, qu'elle expose à cet endroit).
    Voilà cela me semble plus clair, comme présentation ;-)

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