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dimanche 1 février 2015

A Lyon 2, on reste Charlie ? Chronique d'une falsification annoncée.

"Aujourd'hui, se taire, c'est une trahison"


La bande audio ci-dessous est un extrait des questions posées suite à la conférence annoncée par le président de Lyon 2 dans le cadre de la journée "rester Charlie" du 28 janvier 2015.

Le début de cette conférence avait été investi par les étudiant.e.s en lutte pour y lire ceci :




L'action s'était bien passée...la conférence put commencer, et était presque finie, quand...




(Après la reprise en main et l'éviction des interrogations gênantes, aller jusqu'à la minute 20, et reprendre la lecture à partir de là : il y a un rebondissement dans le processus, très intéressant.

Enfin, à partir de la minute 33, on reprend l'enregistrement, après une pause, par la réaction virulente, et très franche, à la sortie, d'un des participants des premiers rangs de l'amphi : un de ceux qui avaient tenté d'interrompre la question gênante du début. Extrêmement virulent, il explique que, ô crime, les étudiant.e.s du début de la conf' "ne savaient même pas lire leur texte correctement" !).


La liberté d'expression, ici, c'est la censure (l'autocensure) ?

Rappels légaux aux fonctionnaires qui, intervenant à la tribune, répondent "je suis fonctionnaire", puis éludent, lorsqu'on leur pose une question "dérangeante", comme celle sur vigipirate tel qu'appliqué à Lyon 2 mi-janvier 2015 :


1) La loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires affirme :
- Art. 6. : La liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires.

Le devoir de réserve, invoqué parfois par des instances administratives, est une notion floue. Aucun texte ne le prévoit ni ne le définit - c'est la jurisprudence des tribunaux administratifs qui en trace les contours. La loi de 1983 précitée n’en fait en revanche aucune mention.


2) Les enseignant.e.s-chercheurs.euses et les chercheurs.euses, parce qu'ils doivent pouvoir discourir publiquement et dans le cadre de leurs fonctions, en gardant leur indépendance vis à vis du pouvoir, bénéficient d'une protection spéciale :

Le code de l’éducation prévoit ainsi que

- Art. 952-2. : Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d’objectivité.

En clair, ce qui est interdit, c'est le prosélytisme. Pas l'argumentation et l'expression.

Le Conseil Constitutionnel dans une décision n° 93-322 du 28 juillet 1993 rappelle d'ailleurs la protection particulière des chercheurs : « 7° Considérant d’autre part que le statut des établissements d’enseignement supérieur ne saurait limiter le droit à la libre communication des pensées et des opinions garanti par l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen que dans la seule mesure des exigences du service public en cause ; que par leur nature, les fonctions d’enseignement et de recherche exigent, dans l’intérêt même du service, que la libre expression et l’indépendance des enseignants-chercheurs soient garanties ; qu’en ce qui concerne les professeurs, la garantie de l’indépendance résulte en outre d’un principe fondamental reconnu par les lois de la République ».

Bref, dans une université normale, il doit être possible au chercheur/à la chercheuse de répondre aux questions "dérangeantes" sur vigipirate, sans éluder, sans fuir, sans finir par expliciter un "je suis fonctionnaire...en somme, cela m'empêche de répondre".
Le/la chercheur.euse est indépendant.e du Préfet.

Liberté d'expression ? Chiche...


Ci dessous, l'appel présidentiel à cette journée et soirée :

Université Lumière Lyon 2 - "Rester Charlie"

Chers collègues, Chers étudiants,

Le défi lancé par un certain nombre de groupes terroristes aux sociétés démocratiques est de les engager dans un combat sans fin avec les armes qu'eux-mêmes ont choisies, c'est-à-dire celles de l'intimidation et de la destruction. Certes, il appartient aux États concernés de mobiliser les ressources nécessaires pour protéger leurs populations. Mais il importe plus encore de répondre à la menace symbolique que font peser les auteurs de ces actes, qui vise ce qui constitue le cœur même de la démocratie : la parole libre, l'échange respectueux, la suspension du jugement dans la pratique du dialogue et la recherche d'un bien commun supérieur à l'expression brute des intérêts individuels.

Il est donc impératif que la communauté universitaire, qui a pour mission principale de nourrir par la recherche et par la transmission des savoirs le débat démocratique, se mobilise contre ce défi majeur, en associant tous ceux qui la constituent - personnels et étudiants - dans un mouvement de réaffirmation des vertus de la culture, de l'esprit critique, de la tolérance. Quels sont les instruments de cette réponse?

L'argumentation sera fondée sur les faits, la capitalisation de l'expérience et le débat contradictoire. C'est pourquoi nous proposons à tous les membres de la communauté Lyon 2 de se rencontrer, dans et hors les murs, en situation pédagogique comme dans les laboratoires ou dans les lieux de convivialité de l'établissement, pour produire ensemble, sous forme de contributions écrites ou visuelles appelées à être agrégées et mises à disposition au sein de l'établissement, la réponse de l'intelligence au défi de la terreur.
Sous quelle forme? A l'appréciation et selon la créativité de chacun, mais à partir des quelques principes suivants:
  • S'appuyer sur les sciences, les humanités, les arts et lettres pour penser une réponse à la menace contre l'espace démocratique;
  • Privilégier les contributions collectives avec signature de tous les intéressés ;
  • Produire un texte ou un visuel susceptible d'être affiché ou projeté;
  • Proposer éventuellement une ou des citations (texte ou image), mais libre(s) de droit(s);
  • Ne mentionner aucune appartenance à une organisation quelconque;
  • Ne pas faire d'exclusive ou de hiérarchie dans l'évocation des victimes des attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier 2015.

Ainsi, toutes vos contributions peuvent être envoyées à l'adresse: vivrensemble@univ-lyon2.fr
Nous organiserons le 28 janvier 2015 dès 14h, un affichage des contributions en salle d’exposition du bâtiment C, Campus Porte des Alpes, qui donnera lieu à un échange avec les contributeurs de 17h à 18h. En outre, une table ronde aura lieu dans l’amphithéâtre culturel de ce même campus de 18h à 20h, avec les contributions de différents membres de la communauté scientifique de l’Université Lumière Lyon 2.

Merci à toutes et tous pour votre participation à cette mobilisation collective de notre établissement.

Jean-Luc MAYAUD
Président de l’Université Lumière Lyon 2

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