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dimanche 4 novembre 2012

"Le monstre du labo" (panthera uncia, suite...)


Courriel du 3 septembre 2010, 23h25
Sur le mode du monstre du Lochness, laissez-moi vous narrer
L’histoire du monstre du labo.
Remarquez
Elle est déjà commencée
Sans que vous le sachiez
Depuis début juillet
Au moins.


Nous avons en effet, jusqu’à présent,
Campé au fil du temps,
quelques personnages clef :

- la voix off : méchante, qui veut toujours tout dominer, subjuguer, etc. C’est le trublion de la fête, toujours là pour enquiquiner le monde qui s’amusait tranquillou.
Heureusement, on la met toujours off à la fin, grâce, notamment, à la table de mixage et à son mirifique DJ, surnommé « guzave ».
            Donc spéciale dédicace en passant au mirifique DJ. Non, chère voix off, faut pas rêver,
            t'auras pas la dédicace, t’es trop méchante pour ça.
(Et la voix off, telle caliméro, s’éclipse déjà, en chouinant sur sa barque prête à couler dans un océan – de larmes, of course – « sniiiffff bouh ouh sniiiif, c’est trop injuste ». Bref, la voix off, elle est déjà mise off dans l’épisode, d’entrée de jeu, c’est pas la peine d’insister).
- Des technicien/ne/s des PTT, spécialistes en branchements (rhizomatiques, racinaires, tout ce que vous voulez, no soucy, on peut même vous en inventer de nouveaux chaque jour que Dieu fait – et même s’il refuse de les faire, on peut continuer : on a du stock, et c’est pas de la cokecomme dans Tintin). Porteurs/euses d’une longue histoire et d’un savoir faire ancien mais toujours novateur, cette corporation ne manque, assurément, ni d’intelligence ni de culot. Jugez-en donc : tout d’abord en cheville avec les militaires et le haut patronat (visite du musée - par ici l'entrée - conseillée), elle a ajouté à ses alliances l’Etat, polytechnique, et, plus récemment, après avoir travaillé longuement à arpanet, ce réseau confidentiel pour militaires only, elle a commis transpac, TCP IP, GSM, et même … TNT. Attention, la corporation des technicien/ne/s des PTT, c’est d’la bombe.
J’ajoute que, ne répugnant à aucun opportunisme, elle porte une lourde responsabilité dans l’émergence d’une chose absolument horrible : la mondialisation, très proche parente de la voix off puisqu’elle utilise les canaux du réseau pour se propager. Et, las, nulle menace ni conseil ni contrainte ne parvient à l’arrêter, la salope !
Heureusement, grâce à guzave, le DJ, on peut en faire quelque chose.
Allez, en conclusion là, spéciale dédicace à Michel Bon, cet ingrat de première (lire notamment « France Télécom, la machine à broyer », qui, pour redevenir sérieux un instant, décrit bien ce qu’il a fait).
- Tiens, en passant, un que j’allais oublier dites-donc. Pourtant, même s’il semble peu présent, son rôle est fondamental dans l’histoire. J’ai nommé : la hantise des statisticien/ne/s, alias le renard statistivore, qui dévore pêle-mêle tous vos graphiques, vos chiffres, dès que vous avez le dos tourné qui lui donne l’occasion de les chiper. Euh … il me souffle de rectifier : pas « chiper », mais « chourer » ou encore « chouraver » (notons la terminaison en« -aver », typique d’un mot issu d’une langue gitane). Il y tient.
Non parce que vous comprenez, lui, c’est un voleur, un menteur, un esbrouffeur né, et il n’a pas envie de changer. Bref, le parfait parasite social, et fier de l’être avec ça, si c’est pas honteux en ces temps difficiles où, crise oblige (depuis 1975, notez-le), il nous faut nous serrer la ceinture, adopter une politique de rigueur, et surtout, working more, working hard, comme ils disent à la fin dans je ne sais plus quel film.
Las, le WWF le protège, car le renard statistivore est un animal rarissime (rappel : le renard commun s’attaque aux volailles du poulailler, pas à nos chiffres bien-aimés, lui, au moins).
- l’once : nous savons que c’est un fauve, d’assez grande taille, qui aime bien les pays froids et ne craint pas de chasser des proies qui en auraient fait renoncer plus d’un/e, telle la redoutable vipère de Sibérie.
Il faut dire qu’entre chasser la vipère de Sibérie et mourir de faim, le choix était vite fait …
- le maître zen (terme de référence), aussi dénommé« sensei » (terme d’adresse). Jusqu’à il y a peu, son identité (terme qu’il déteste, mais qui existe, désolée) nous était inconnue. Mais attention, ce n’est pas parce qu’une identité existe qu’elle est unique…
- l’apothicaire : personnage mystérieux attendu par l’once depuis le dernier épisode (rappel : vous pouvez vous procurer tous les épisodes qui vous manquent auprès d’Anne Schmitt, qui les a archivés depuis le début avec soin, un à un, dans des amphores antiques soigneusement classées et répertoriées. Y’a de la compétence, là, ayez confiance).
Je n’en dis pas plus.
- la vipère de Sibérie : dans le rôle de la proie tombée à pic (à ne pas confondre avec « aspic » : on est en Sibérie, ici, les vipères sont « de Sibérie ». Aspic, c’est en France). Bon, ensuite, on la retrouve dans le rôle du trophée de chasse (via sa peau), et là où ça devient très alambiqué, c’est que son venin est censé jouer un rôle, on ne sait encore lequel, dans l’histoire.
Ne me parlez pas de sa langue, s’il vous plaît.
Car bien sûr, qu’elle soit aspic ou de Sibérie, ça reste une langue de vipère. Et je rappelle que l’once n’a rapporté que la peau et le venin.
La langue ? Faut croire qu’elle l’a donnée au chat, mais je ne sais ce qu’il en a fait, ma foi …
Nous avons également campé un certain nombre de décors et d’objets, qui, comme nous l’a très récemment fait remarquer le maître zen, plus connu sous le nom de François Laplantine, « ne nous concernent en rien ». En voici quelques uns (liste non exhaustive) :

Un confessionnal, la tour Eiffel (en particulier son 3eétage), le désert de Sibérie (alias « le goulag »), une plage et ses cocotiers au mois d’août (localisation inconnue), un pays qui pue et où l’once est considérée comme une « bohémienne », un étrangebâtiment qui semble caractérisé par sa vétusté y contrastant avec la modernité de grilles et d’yeux machiniques pimpants neufs, et, enfin, un couloir caractérisé par sa serrure high tech avec voyant rouge/vert et par ses fauteuils moelleux.
Bien sûr, toute ressemblance avec des lieux que vous connaîtriez, voire auriez fréquentés ces derniers temps, que dis-je, ces derniers jours [par exemple en suivant l'once dans son entrée dans Lyon 2, dernièrement narrée], serait purement fortuite, sinon, vous seriez concerné/e/s, et cela contredirait l’autorité.
Comme cela ne se fait pas de contredire l’autorité, donc, ces lieux « ne nous concernent en rien », notez-le bien.
Les personnages et les décors étant ainsi rappelés, nous voilà rendus au précédent épisode, dont voici un résumé : l’once, après avoir eu la peau (et le venin) de la vipère de Sibérie, est venue jusqu’ici, dans « le pays qui pue », encore surnommé par de mauvaises langues« le pays du mauvais accueil ». Mais ce sont, très certainement, des langues de vipère …
Trottinant durant des bornes et des bornes au milieu de la puanteur (rappel : l’once a un odorat très sensible, donc la puanteur à traverser représentait un véritable supplice pour cette pauvre bête), et du mauvais accueil (être « traitée comme une bohémienne », en ce moment, dans le pays qui pue, c’est pas le top, en vérité je vous le dis, même si vous n’êtes pas au courant puisque le pays qui pue, c’est loin, très loin, notez-le bien [sinon ça pourrait nous concerner, et donc ça contredirait l'autorité...]), le félin est parvenu jusqu’au bâtiment vétuste pourvu de grilles neuves et d’yeux machiniques modernes. Malgré les mauvaises odeurs présentes ici aussi hélas (puisqu’on est toujours, qu’on le veuille ou non, dans le pays qui pue, hélas), auxquelles se surajoutaient les grilles (de zoo ?) et les très agaçants yeux machiniques (pour chasser quelles proies ?), l’once est arrivée à sa destination, où elle attend maintenant l’apothicaire, dans l’indifférence générale, ponctuée seulement de « il t’as abandonnée », « tu devrais en trouver un autre », « tu devrais aller en chercher un ailleurs ».
Comme si les apothicaires, ça courait les rues.
Aujourd’hui, ils ont quasiment tous été remplacés par des pharmaciens.
Allez filer du venin de vipère de Sibérie à un pharmacien : il sait vendre le sérum, mais le fabriquer ? Que nenni !
Et cela, le félin le sait bien.
Donc, têtue comme une bourrique – ou comme votre chat domestique préféré – elle a pris racine devant le bureau de l’apothicaire, et attend son retour. Elle a senti à l’odeur, qu’il n’était point passé là depuis longtemps, et que l’attente risquait de surcroît d’être longue.

****

Au départ donc, le félin s’est installé là, pour dormir en attendant celui avec qui elle fait commerce, dans l’indifférence générale. En effet, personne ne remarquait sa présence, ici, au milieu des humains du lieu.
Mais cependant, de plus en plus nombreux, les gens se sont arrêtés, et l’ont prise pour un chat, sur le mode : « oh, pauvre petit chat malade, tu es abandonné, il te faudrait trouver un bon pharmacien, tu devrais aller là ».
Je ne sais pas pourquoi, mais « là », c’était toujours ailleurs que chez eux/elles.
A croire qu’ils/elles n’aimaient pas les chats …
Ah oui, c’est vrai : un chat, comme tout fauve,« ça sent le fauve ».
Explication rêvée pour trouver d’où viennent les mauvaises odeurs qui embaument tout le pays : « ça sent le fauve ! », puisqu’on vous l’dit.
C’est la faute aux fauves. Comme d’hab.
Le fauve, lui, trouve que ça sent l’humain, mais bon chacun/e son point de vue …
Faisant la sourde oreille, le félin, déjà roulé en boule autour de la peau-trophée et du venin, qu’elle garde avec soin telle une (redoutable) sentinelle, se retourne ostensiblement, de sorte qu’elle tourne le dos à tout ce beau monde, l’air de dire : « cause toujours, tu m’intéresse ».
N’empêche, tous ces humains, ils me cassent les oreilles, à parler si fort. C’est qu’en tant que félin, j’ai aussi les oreilles très sensibles. D’ailleurs, elles traînent à l’occas un peu partout, et me ramènent des sons étranges.
Beaucoup plus étranges encore que l’odeur de l’apothicaire, dont j’ai déjà dit qu’elle n’était pas normale, en sus d’être ancienne.

****

Mais tout à coup, comme par magie, se succédant un à un, les humains du lieu ouvrent les yeux, et voient, enfin, la réalité dans toute son acuité : ici, dans leur laboratoire, c’est non pas un pauvre chat domestique qui aurait perdu son maître, qu’ils/elles ont.
C’est une panthère.
Un grand fauve, quoi.

Jugez plutôt :
Nom: once, panthère des neige, irbis
Nom scientifique: Panthera uncia
Hauteur au garrot: 60 à 70 cm, rien que ça
Longueur : 130 cm (sans le panache)
Poids: 25 à 75 kg
Longueur de la queue : 80 à 100 cm (sert de cache nez par grand froid, véridique !)
Capacité de saut : 6 m en hauteur, 15 m en longueur

La voilà, manifestement après un bon repas :




Les oreilles du félin entendent un changement notable, derrière son dos, dans la consistance du bruit : les humains fuient, contournent, chuchotent derrière elle. Il y a de la peur.
Elle entend aussi parler d’ours blancs égarés récemment en Islande, et de leur sort malheureux, pour la protection et le bien des humains du lieu : rétifs aux tirs par seringues hypodermiques, ils ont du être exécutés via des tirs à balles réelles, au grand regret des islandais/es.
Depuis, sur internet, avec la complicité des technicien/ne/s des PTT, donc, de mauvaises langues (certainement apparentées à la vipère) questionnent sur le thème : « mais quelle différence entre un tir de seringue et un tir de balle, opérationnellement ? ».
Allons, Messieurs Dames, circulez, les autorités n’ont pas eu le choix, puisqu’on vous le dit.
Le félin fait toutefois mine de continuer à dormir, au milieu de tous ces préparatifs et de toutes ces craintes. D’un œil, bien sûr, car n’oublions pas que le fauve ne dort jamais de plus d’un œil à la fois.
Cependant, ses oreilles, qu’elle a fines je le rappelle, lui rapportent que :
- selon certain/e/s, le monstre du labo, c’est son nom, serait une sorte de serpent géant pourvu de crocs à venin, un peu vipérins, mais aussi de fourrure panthérine et de griffes redoutables.
- selon d’autres, le monstre du labo, c’est aussi son nom, serait un dragon qui, en sus des griffes, des ailes et des crocs, rien qu’ça, cracherait du feu dans tout le labo en visant toute personne qui tente de s’approcher. A tel point qu’on a du appeler les pompiers (« sécurité incendie », spéciale dédicace), surtout que vu la vétusté des lieux, pas du tout aux normes incendies, faudrait pas qu’on y foute le feu.
- Selon d’autres encore, le monstre du labo serait un mix de panthère, de griffon et d’aigle. Il serait, ainsi, pourvu de serres, de griffes, d’un bec et de crocs, ainsi que d’écailles de serpent. Sa férocité serait démesurée, voire inégalable.
- Enfin, d’autres expliquent que le monstre du labo est un animal très sauvage, très méchant, indomptable et mauvais, mais qui n’a rien de surnaturel et qu’il faut, partant, trouver le moyen d’abattre, pour rétablir la sécurité et la sérénité des lieux, bref, pour reconquérir enfin (« reconquista ») le territoire qui nous appartient.
Pendant ce temps, l’animal concerné s’est réveillé, et, cependant qu’un humain apeuré fait timidement le tour par l’autre côté de la pièce pour accéder à son bureau sans trop prendre de risques, elle est en train, elle, paisiblement, de s’étirer.
Tout d’abord les pattes arrières, puis les pattes avant, tout en baillant, ce qui ne manque bien sûr pas de faire trembler l’humain présent, qui déjà rasait le mur opposé (« de belles dents », surtout les p’tites canines, dit-on à la cantonnade …).
Eh bien oui, j’ai des crocs, normal, je suis une panthère, j’en ai besoin pour chasser la vipère.
Bref, un peu comme votre chat domestique, si vous en avez un, mais en juste un chouilla plus gros.
Cependant que d’autre humains, toujours chuchotant et passant prudemment, le plus silencieusement et loin possible (ce qui, pour l’once, n’est pas silencieux du tout, tant elle entend le moindre de leurs mouvements), le gros chat du lieu enchaîne sur sa toilette matinale, opération longue et minutieuse.
Un peu comme votre chat domestique, si vous en avez un. Mais en un chouilla plus volumineux, toujours.
Et donc, nous voilà, lecteur, lectrice, devant cette étrange scène : un fauve, tranquillement occupé à s’occuper de l’entretien de sa fourrure, avec sa langue rapeuse (patte avant droite, puis patte avant gauche, touffe par touffe, avec un p’tit côté obsessionnel dans le geste, enfin comme votre chat domestique si vous en avez un, quoi …), au milieu d’humains effrayés, apeurés, tremblants à l’idée d’avoir à passer dans la pièce – centrale – du labo occupée par
« le monstre du labo », plus connu sous le nom de :« le problème ».
Bien sûr, le monstre du labo est un forcené, il saute –sauvagement, tel un fauve quoi- sur tout humain qui bouge dans cette pièce, et personne n’arrive à trouver moyen de le capturer pour l’arrêter. C’est un animal féroce, il va falloir se résoudre à l’éliminer …
Le collectif en est là de ces informelles délibérations quand, enfin, l’apothicaire revient …
[A suivre]
©Copyright "the miaou corporation", 2010

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