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Bonne lecture à vous, espérant qu'elle vous sera plaisante.

samedi 31 mars 2018

La mue du serpent, prélude, 2 : la mort du père


« le silence est (…) à la base de la subjugation. Le silence dont il est question ici est celui des victimes qui ne parlent pas de l’abus, même si elles en souffrent. La première cause de ce silence est simple : l’absence de recours. Si un enfant est victime d’abus de la part d’un parent, vers qui peut-il se tourner pour recevoir de l’aide ? Se taire signifie pour lui survivre, mais à un prix incroyablement élevé. La deuxième cause est l’entourage. Lorsque l’enfant demande de l’aide, son discours et son expérience sont souvent niés par la famille immédiate qui évite de faire face à la situation. Le silence n’est donc pas qu’une absence de paroles. C’est une relation créée et maintenue par des individus selon des règles implicites. Or, pour briser le silence, il faut non seulement raconter mais également être écouté et cru par quelqu’un. Le silence existe lorsque l’enfant se tait, mais il existe aussi lorsque la fille dit à sa mère que son père l’a violée et que la mère refuse de la croire. » 
(Stéphane La Branche, Mondialisation et terrorisme identitaire. Ou comment l'occident tente de transformer le monde, l'Harmattan, coll. logiques sociales, sociologie de la modernité, 2003, p. 28)



La voix off - Cher lecteur, chère lectrice : avertissement.
Toute ressemblance avec des personnes ou des faits réels seraient purement fortuite.


La soeur - Y'a intérêt. Sinon, je te fracasse le crâne contre le mur du cimetière (propos tenu début avril 2016, au téléphone).

L'expert psychiatre - Ne l'écoutez pas, elle est folle : tout son récit n'est que pur délire!



Moi - Ce blog est né le 11 juin 2012 au soir : un soir de verdict qui me jugeait coupable à tort. 
Et toi, le coupable des actes qui m'ont fait aboutir là, laissé dans l'impunité par cette même "justice" qui n'a de cesse de me poursuivre pour mes mots, tu es mort le 11 juin, 2014.
Un hasard.




Dans ton appartement, dont on a eu les clefs alors, j'ai été choquée, sidérée, de voir la crasse...de voir les endroits les plus crads : la salle de bains, ton lit, et, dans une moindre mesure, ton canapé.
Choquée. Sidérée : voilà la liste exacte et précise des lieux où tu m'avais, jadis, violentée sexuellement.
Le lit était vraiment crad : tu te salissais en dormant dans ces draps tels qu'ils étaient, tels que tu les laissais.
Ta serviette de bains était vraiment crad : tu te salissais, après la douche, en t'essuyant avec. Comment ne le voyais-tu pas ?

C'est pitié que cela.

J'ai tout de suite regardé dans ton ordinateur pour voir si tu avais pu faire d'autres victimes, et laissé des traces là. Pour, au moins, pouvoir leur annoncer qu'avec toi, c'était fini, car tu n'existais plus.
C'est triste d'en arriver là.
C'est triste comme ce que tu as fait.
C'est triste comme la société qui t'as éduqué à nous prendre pour des putes. 

C'est triste comme cette "justice" qui, en te laissant dans l'impunité, t'as poussé à te punir toi-même, perpétuellement, je m'en rends compte en regardant, encore et encore, cette putain de serviette de bain. Le drap je l'ai viré direct : il était trop horrible.
Dans l'ordinateur, rien de louche : nous avons manifestement été tes premières et dernières victimes. En revanche, tu as continué à fréquenter les putes, adultes. Sur les sites internet concernés, tu avais choisi comme pseudonyme : "Sarkophage".
Tu détestais Sarkozy. 

Tout ceci ressemble tellement à "Sarcophage"...
Tout ceci ressemble tellement au produit d'une éducation où le sexe, c'est le mal. Comme chez ceux que Barbarin a couverts de son silence.

Il y avait un autre endroit très, très, très, crad chez toi. Tout au fond. Une pièce. Dans laquelle tu entreposais certains objets. Beaucoup d'objets. Dans ma tête, je l'ai surnommée "la pièce qui pue". Même après que ma soeur soit passée fermer les textiles imbibés de pisse de chien dans un sac poubelle, elle continuait à puer, cette putain de pièce qui pue.
Pisse de chien ?
Le chien est mort à la fin des années 1990. Je ne comprends pas comment c'est possible que tu aies conservé un truc aussi puant jusqu'en 2014.


Dans la pièce qui pue, je trouve : des photos du village à l'époque où tu n'existais pas encore, des cartes IGN d'état major datées de 1940. Je comprends que cette pièce, c'est un peu la pièce des vieilles choses non éludées de la famille.
Et puis au fond du placard à vêtements, bazardée-cachée là, je trouve, je retrouve, la lampe.
Je trouve, je retrouve, ma lampe.
Celle que vous m'aviez offerte avant.

La lampe en soie avec l'interrupteur - l'interrupteur venait de toi, la soie venait de maman. Et le tout donnait une lampe, une lampe de chevet.

Dans ton appartement, il fallait tout regarder en détails pour retrouver les souvenirs importants : les négatifs de photos, au milieu de cette énième pile de papiers en tous genre...

Une fois que j'ai tout eu regardé en détails, j'ai ouvert le placard de sous l'évier, dans ta cuisine.
Là, j'ai trouvé un appareil électroménager avec de vieux aliments dedans, qui puait pire que la pisse de chien. Tant qu'on n'y touchait pas, on ne remarquait, ni ne sentait, rien.
La crasse chez toi, c'était comme ça : elle était partout, mais on pouvait passer à trav', tant qu'on n'y touchait pas. Tu t'étais aménagé des coins propres et viables, au milieu d'elle, si bien que ton chez toi semblait accueillant, et qu'en entrant, on ne voyait comme signe suspect, qu'une couche de poussière épaisse de tes 4 ans d'occupation de cet appartement sur tous les meubles. Quatre ans durant lesquels la poussière, comptant sur ta tolérance, s'est déposée, recouvrant tout d'un voile floconneux. Comme de la neige, mais gris, plutôt que blanc.

Chez maman, la crasse était beaucoup plus ostentatoire.
Vous n'aviez pas la même crasse.

Elle, elle la crachait partout. Elle la recréait sans cesse. Toi, elle était à certains endroits, pas neutres, et souvent ancienne.
Votre crasse me fait peur. Je ne sais pas comment c'est possible d'avoir autant de crasse.
Quand vous êtes morts tous les deux, l'un après l'autre, je me suis occupée de votre crasse, de vos crasses respectives.

J'ai tout rangé. J'ai tout enlevé.
Ton appartement a été propre un jour : le matin où les videurs d'appartements sont passés emporter toutes tes affaires. Juste avant leur passage en fait. Je voulais prendre en photo, mais les videurs sont arrivés très tôt, et je n'ai pas eu le temps.

J'ai vécu dans votre crasse toute mon enfance, depuis la naissance de ma soeur et la dépression de maman qui l'a suivie. Elle ne faisait plus le ménage, ni rien. Tu ne faisais pas le ménage. Le ménage n'était donc pas fait...

Je ne sais pas d'où vient cette crasse. D'où viennent vos crasses respectives.

J'hérite d'une série d'énigmes associées aux choses que j'ai trouvées dans vos crasses respectives.

Mais avant d'hériter, je t'ai enterré. C'était en juin 2014. Et ça c'est mal passé.

Il me faut d'abord préciser que si j'ai participé à tes obsèques, c'est parce que je ne suis pas comme toi : toi, tu n'avais jamais d'argent pour moi. Tu ne remplissais pas tes devoirs envers moi.
Moi, je remplis mes devoirs envers toi : je ne te laisse pas aller dans la fosse commune.
Mais si je participe, je ne peux t'enterrer autrement qu'en vérité.


Avec ma soeur, nous choisissons en commun les choses pour ton enterrement : le cercueil, etc. Tout se passe bien. Au moment où il faut signer la facture, c'est l'aînée qui se dévoue, comme d'habitude. L'aînée, c'est moi.
Et puis on ne sait pas si tu voulais te faire inhumer ou incinérer. T'es chiant mec : t'as rien prévu. Rien.
Comme d'habitude...
Juste, sur ta table, un article de journal, découpé, sur l'incinération. Les souvenirs que j'ai de vos discussions, toi, pépé, mémée et tes frères, autour de la table, quand j'étais gône : vous ne vouliez pas être enterrés sans être brûlés. Vous aviez peur des vers qui rongent, et, plus encore, d'être enterrés vivants : "au moins si on est incinérés, on est sûrs d'être bien morts". Vous aviez les traquettes horribles de la plus horrible des morts : étouffé dans un cercueil enterré sous terre, sans rien pouvoir faire.

Enfin...juste aussi horrible que la mort dans une avalanche, en fait, si on y réfléchit bien. Ni plus, ni moins.
Et puis le papier de l'hôpital, plus récent que ces très vieux souvenirs : tu as désigné notre mère comme "personne de confiance".
Notre mère dit que tu voulais te faire inhumer, et non incinérer, et toi, tu n'es plus là pour parler, ta dépouille est au frigo, et il y a un délai légal pour t'enterrer, donc il faut prendre une décision.
De toute manière, personne d'autre ne sait ce que tu voulais.

Moi, je pense que tu voulais vivre longtemps, et que tu avais donc plein d'autres choses en tête que tes choix pour tes obsèques...

L'inhumation fait scandale au village : certains vivants disent que cela risque de leur coûter leur place à eux dans la tombe...il me faut vérifier à la mairie, puis négocier avec tout le monde, ta place dans la tombe de famille au village, en cercueil et non en urne.
J'apprends qu'il y a en fait plein de place dans la tombe, et que seuls nos grands-parents sont incinérés : nos arrières grands-parents y sont, mais inhumés. C'est une tombe catholique, et je me souviens des discussions de nos grands parents sur le fait que désormais, l'Eglise autorisait la crémation.
Puis ma soeur clâme, comme une évidence, que la cérémonie ne doit pas être religieuse. Elle a raison, mais allez expliquer ça au village le plus catho à 200 km à la ronde...la branche familiale dont est issue notre grand-père proteste, en la personne de la mère de ma cousine germaine : elle veut une messe !
Les pompes funèbres, entendant ceci, me répondent qu'une cérémonie civile en ville, plus une messe au village, c'est IM-PO-SSIBLE : c'est trop long, car une messe "ça dure une heure !".
La durée d'une cérémonie civile est une demi-heure...si l'on veut avoir le temps de pleurer ses morts, mieux vaut une messe.
Les pompes funèbres sont habituées à gérer les situations d'enterrements inter-religieux, par exemple musulmans-catholiques. 
Mais athées-catholiques, le concept semble plus inédit...
On obtient une cérémonie civile en ville, de 45 minutes, et le fait que les pompes funèbres mettent à disposition les ustensiles ad hoc pour les croyant/e/s, au village.

Puis on nous explique que pour préparer le contenu de la cérémonie, il faut voir avec une association : ils travaillent avec elle, et on va nous fixer rendez-vous.
Il s'agit des pompes funèbres publiques : sur les papiers, il est marqué "service public". Mais l'association, c'est "L'autre Rive" : une association tenue par des catholiques qui veulent apprendre aux non croyant/e/s en manque de savoir faire comment faire une cérémonie.

Je rencontre une première fois, seule, ma soeur ne s'étant pas rendue disponible, l'individu de cette association.
Lorsqu'il apprend que je ne veux pas mettre ce que je viens de lui lire "juste dans une enveloppe fermée dans le cercueil", il explose, alors que juste avant, il était très gentil et compatissant...

Garder le secret. Chut.

Maintenir le mensonge. Faire un enterrement mensonger et falsificateur.

Deuxième chose qui le heurte : la musique choisie par la section syndicale de notre père, que j'ai contactée dans le même temps que je négociais sa place dans la tombe au village. "Potemkine", de Jean Ferrat.

Monsieur l'individu de l'Autre Rive est en effet un catholique, tout content lorsqu'il apprend que notre père a eu "une éducation religieuse", et aussi un russe blanc, dont la famille a fui la Russie.
D'un coup terrorisé, il me demande si on va mettre "un drapeau rouge sur le cercueil".

Je lui réponds qu'on n'est pas de l'armée blanche, et qu'on ne met donc pas de drapeaux...

Ma soeur, comprenant que j'ai l'intention de mentionner les actes sales de notre père durant la cérémonie,  devient furax, m'accuse de n'avoir aucun respect pour elle : "as-tu pensé à moi là ?".
Et elle, a-t-elle pensé à moi, là ?

J'obtiens, à grand peine, un second rendez-vous avec le Monsieur, où ma soeur sera présente.
Après une semaine de course non stop, j'y suis en retard de cinq minutes.
Monsieur me le fait remarquer, me parlant comme à une racaille, devant ma soeur.
Très rapidement, on en vient à ce qui pose problème : pas le silence et le mensonge, mais ma parole de sale pute de merde. Sale pute de merde ?
Ce n'est pas mon terme, il arrive dans trente secondes.
Voyant que je ne cède pas, ma soeur explose : "SALE PUTE DE MERDE !!!! TU TE REMETS JAMAIS EN CAUSE !!!!!!", suivie par le russe blanc qui est censé dirigé la cérémonie : "je vais appeler la police !" déclare-t-il tout d'abord à mon attention. Je lui réponds : "appeler la police pour me faire taire ? Ben allez-y,  je leur expliquerai...". Alors il enchaîne : "votre cas relève de la médecine !". Ma soeur sort fumer dehors,hors d'elle. Je reste. Alors à son tour, il se lève : "je vais chercher Madame la directrice !".

La directrice des pompes funèbres arrive, et c'est le seul moment où ma parole est respectée...nous sommes la veille de la cérémonie. Le russe blanc, qui menaçait de se retirer de cette cérémonie, nous laissant en plan sans logistique ni solution de repli, finit par concéder "je veux bien animer cette cérémonie, mais pour [votre soeur]". Pas pour tout le monde, et certainement pas pour moi : pour la petite chouchoute qui est un bon élément dans son ordre, parce qu'elle, a bien appris sa leçon de silence, est conforme, sait que quand on est une sale pute de merde, il faut se taire et subir, et faire comme si c'était normal, et dissimuler pudiquement le tout pour sauver l'honneur du père.
Il y a accord pour que je puisse parler : "bon, 4 pages pas plus", conclut-il. Ma soeur sort alors le papier qu'elle voulait, elle, glisser dans une enveloppe pour mettre dans le cercueil en silence : hormis ces deux interventions, dont l'une suscitée par celle dont le russe blanc ne voulait pas, et celle de la section syndicale que j'ai été chercher, il n'y aurait eu, sans ma participation tenace, que des musiques et du silence.

Silence sur la vie d'un être humain qui s'était lui-même enfermé dans le Sarkophage ?

Je termine la rédaction la plus difficile de ma vie tard, très tard dans la nuit : je sors de plusieurs nuits de trois, quatre heures de sommeil, maxi, et j'en ajoute encore une. Je vais chercher, tôt le matin, la voiture de location pour pouvoir me rendre au village ensuite.
Je la gare derrière les pompes funèbres, et m'endors dedans, sur la banquette arrière, jusqu'à l'heure prévue. Avec le souvenir des mots aimables reçus de ma mère et ma soeur, durant toute cette semaine où c'est moi qui ai quasiment tout porté. D'ailleurs, cela recommence : notre mère m'appelle, juste avant la cérémonie, et je reçois, encore, les mots habituels "tu es une vraie bécasse", "nigaude", "espèce de gourde".
Des mots qui ont aussi égayé, jadis, toute mon enfance, cependant que lui, c'était un pauvre être qui "était un peu paumé", "avait surtout besoin d'être soigné, plus que d'être puni", bref, limite, les choses là, il ne les avait pas faites exprès, ni volontairement.

Mais ma mère elle, était d'accord pour que je parle...

Cérémonie. 
Lorsque j'arrive dans la salle, ma soeur a déjà posé, en plein centre, la pierre qu'elle a acheté : "à mon papa".
J'ajoute autour mes éléments : les cartes syndicales de ses différents syndicats successifs, le livre avec les psaumes, l'arc en ciel qu'il a peint jadis, lorsqu'il était enfant. 

Les gens arrivent. On commence par une brève biographie, lue par le russe blanc : le mariage avec notre mère, sa profession et ses qualités professionnelles. Puis on enchaîne par la lecture du texte de ma soeur, qu'elle lui a confié : elle y explique les qualités qu'elle trouve à notre père, et son regret d'avoir rompu, sous une mauvaise influence, toute relation avec lui durant des années, et donc, du fait de cette mauvaise influence, de l'avoir si peu revu.

Première musique (choisie par ma soeur) :



Puis lecture, par le russe blanc, du texte suivant :


Le châtiment.
Une vision d'enfant.
(écrit le 24 septembre 2004)

Au collège, en fin de collège, je crois. Cette vision, cette croyance, ancrée en moi.
Qu'il faut que comme une sorte de Sisyphe, je subisse ce châtiment
Le châtiment.

[Ma soeur quitte alors, d'un coup, la cérémonie, furieuse, lançant des regards noirs]

Il s'agit d'un parcours, éternel, comme une boucle sans fin.
Il commence par un supplice, dont je ne me souviens plus : percée d'une flèche, avoir mal, par exemple.
Il se déroule dans un désert de sable et de pierre, un peu comme Mars. Mais le rouge est teinté de gris. Un désert gris.
Il continue par un autre supplice, puis encore un autre, et encore un autre. C'est une suite de tortures, de souffrances sans nom et sans fin.
C'est ce qui m'attend, c'est ce que je mérite, pense l'enfant du collège. L'enfer.
C'est la vie qui m'attend, et je ne sais si je veux de cette vie éternelle après la mort, que je crois pareille à cette vision. Vision qui n'est autre que la réalité que je vis alors, mais cela je ne le vois pas.
Mais l'absence de vie éternelle après la mort, l'idée, donc, de la vraie mort, m'effraie et me terrorise tout autant…
Et ma traversée du désert de pierre étant achevée, je suis arrivée au rocher qui est le but de cette traversée.
Et aussi son point de départ…Comme Sisyphe, il me faut recommencer.
Le même parcours. Les mêmes tortures. Jusqu'au rocher. Et ça ne finit pas, ça recommence, tout le temps. Et c'est ça ma vie dans ces moments noirs : un éternel retour au point de départ de la souffrance. Un éternel retour au rocher.
Et cette vie là ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est pourquoi quand je touche à nouveau ce fond, je pense à en finir, oubliant tout ce qu'il y a eu, depuis, dans ma vie réelle.
Oubliant tout cela parce que dans ces moments-là, ne subsiste que la souffrance, toujours de retour, cristallisée à l'état pur. Comme dans ma vision d'enfance.

Et je me souviens, encore, soudain, d'un autre détail : le nom PERRIN, signifie "la pierre", le rocher.

[Fin du texte écrit en 2004]

[Je prends à mon tour le micro pour expliquer : ]

Ce nom, le nom de mon père, je ne supportais pas qu’il soit le mien, je ne pouvais pas le porter, jusqu’au jour où j’ai rédigé, et soutenu, en 2008, dans le cadre d’une reprise d’études à l’université, ce mémoire que j’ai du signer de mon nom de famille : PERRIN,
« l’inceste : anthropologie d’une entreprise de démolition systématique de la personne » ; parce que c'était comme si j'avais redressé ce nom et son honneur par ce travail.

C’est lorsque je t’ai annoncé, au téléphone, mes excellents résultats à ce mémoire « fait sur le mal qui a été fait comme toi tu m’avais fait, à des enfants comme moi j’ai été », que, pour la première fois de ta vie, tu as bredouillé, m’as répondu d’un ton hésitant.

A partir de cet instant, ton regard n’eut plus aucun pouvoir sur moi. Ce mémoire fut mon premier acte de guerre, et ma première victoire contre les actes qui m’avaient démolie.

Enfance d'un criminel, enfance de mon père.

Mon père n'a pas toujours été un criminel. Avant, car il y a eu un avant, il était comme vous, ou comme moi qui vous parle pour que vous m'écoutiez. Il a même été enfant.
Oui, et quel enfant.
Et quelle enfance ?



Je me souviens du jour où, enfant moi aussi, il m'a parlé de son enfance : une époque dont il ne gardait aucun souvenir. Une époque noyée dans le brouillard de l'oubli. Un brouillard qui fait agir en aveugle et en sourd. Aveugle au mal fait, à soi ou à sa fille. Sourd aux questions, sourd aux souffrances infligées, à soi ou à sa fille. Un brouillard qui perd. Un brouillard qui est un terreau à criminel, un engrais de première classe.
Je suis enfant, donc, et mon père m'explique qu'il ne se souvient de presque rien de son enfance, et que c'est sans doute un peu normal, cet oubli des premières années, cette amnésie des dix premières années de sa vie, pas une de moins. Mais il me raconte tout de même ce dont il se souvient : l'origine de cette cicatrice qu'il a sur le bas ventre. Il s'est brûlé avec une épingle à nourrice, quelque chose comme cela, et on n'a pas appelé le médecin tout de suite. Il m’évoque aussi ce décollement de rétine, qui le fit dispenser de service militaire.
Et, quand il me dit tout cela, je vois mon père. Dans ma tête, je vois mon père dans une vision. Vision d'un mur de terre. Un mur de terre car on est en Isère : mon père est originaire de là-bas, de ce pays où les maisons et les murs sont en terre, ocre.
Vision d'un mur de terre qui isole mon père. Et ce mur, il en est au pied. Et ce mur, il est entre nous aujourd'hui. Il y a toujours été : mon père est un inconnu pour moi.
Mais à l'époque, l'enfant que je suis, l'enfant qui voit ce mur de terre, se fait une promesse. L’enfant que je suis, entendant l'amnésie de son père, se jure, fait serment de ne pas oublier ce que lui ont fait subir les adultes durant son enfance, afin de pouvoir l'écrire plus tard.

***
Enfant, je lis tout ce que tu lis, je fouille tes affaires. Comme pour percer le mur de terre. Pour comprendre, ce que tu veux, ce que tu attends de moi, bien sûr, et aussi, qui tu es, qui est mon père.


Mon enfance. 

Mes souvenirs de lorsque j’étais enfant sont très rares. Essentiellement nocturnes.
Ceux des rêves et cauchemars que je faisais la nuit.
Toujours le même cauchemar : le Diable, infiniment méchant, me poursuivait, pour me faire du mal.
Parfois, j’ai essayé de discuter avec lui. De le convaincre qu’il ne fallait pas être méchant avec moi. Une fois, il s’y est même engagé. J’étais soulagée. Mais, probablement dans un ricanement diabolique, ce fut pour mieux fouler cet engagement au pied ensuite.
Dans le cauchemar, le même toutes les nuits, au début, les premières années, j’arrivais à gagner contre lui. Puis il devenait, au fil du temps, des nuits, des années, de plus en plus fort contre mon monde. Il gagnait et ma seule issue était de me réveiller. Puis elle fut d’oublier mes rêves eux aussi.
Mon enfance n’est ainsi, à son tour, qu’un brouillard parsemé de fragments de souvenirs, et je me souviens mieux d’après.

Je suis partie de chez mes parents à 18 ans, en 1994. Et, après des années de lutte contre ce qui était devenu ma destruction par moi-même, par intériorisation du bourreau, j’ai engagé une guerre contre lui.
Une guerre où mes armes étaient mes mots, contre ses actes.
Une guerre pour le respect.
Cette guerre aujourd’hui, est à jamais terminée : celui qui fut le diable de mon enfance, devenu grâce à ma guerre, depuis 2008, mon adversaire et non plus mon bourreau, est mort, et en dire plus maintenant, me ferait ici l’effet de frapper un homme à terre.

La fin

J’ai lu dimanche soir un mail qui m’a été envoyé le vendredi.
Il m’informait que mon père était à l’hôpital.
Le lundi matin, j’ai appris par notre mère ce qu’il avait, et compris que son pronostic vital, contrairement à ce qu’elle pensait, était engagé, dans la semaine, et que c’était quitte ou double.

***

J’aurais pu aller te voir, papa, ce lundi en fin d’après midi, alors que tu étais dans ta bulle stérile, devenu fragile à ce point.
J’aurais voulu t’apporter ce que tu as refusé de recevoir en me traitant comme tu l’as fait : ceci.

Je l’aurais mis à côté de ton lit pour t’aider à reprendre l’espoir qui fait vivre, et réconforte au moins celui qui est dans la solitude face à sa mort trop prochaine.
Mais à chaque fois que je pensais à l’idée d’aller te voir, la peur de trouver l’homme au sourire vicieux de mon enfance,  faisait barrage.
A chaque fois que je voulais t’apporter ceci, un souvenir de moments, de propos, de mon enfance, issus de toi, revenait et faisait barrage entre toi et moi.
Le barrage est devenu définitif dans la soirée. Je l’ai senti.
Puis le lendemain matin, notre mère, sous le choc, m’a appelé pour me dire que tu étais mort à minuit et quart.
Ainsi est figé à jamais, par ta mort, un combat sans vainqueur.
Il n’y a ni justice, ni pardon, ni respect. Juste le constat que tu es mort. Et que ta mort fige tout à jamais.
Puis la nouvelle de ta mort fut ensuite une forme de … soulagement : le diable de mon enfance ne pourrait plus jamais agir. Il avait disparu avec toi. Mais un soulagement infiniment triste : celui qui me fait faire le constat d’un énorme gâchis. Tu aurais pu connaître tes filles et les apprécier. Nous aurions pu échanger. Mais à la place, pour moi, il y a le mur, et tes actes. Et dans ton appartement, ces papiers et autres indices de ta vie inconnue de moi, seul lien subsistant avec l’humain disparu, seule connaissance possible de ce qu’il était hors de mon monde. Comme jadis, je ne peux que « lire tout ce que tu lis, fouiller tes affaires, pour espérer percer le mur de terre. »


Deuxième musique de la cérémonie (choisie par moi) : 





Puis lecture





Marc 1

1.1
Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu.
1.2
Selon ce qui est écrit dans Ésaïe, le prophète: Voici, j'envoie devant toi mon messager, Qui préparera ton chemin;
1.3
C'est la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
1.4
Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.
1.5
Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
1.6
Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
1.7
Il prêchait, disant: Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers.
1.8
Moi, je vous ai baptisés d'eau; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.


[Je reprends la parole : ]

Jean le Baptiste : c’est le moment du passage d’un culte religieux fondé sur le sacrifice, à un culte religieux fondé sur le baptême. C’est l’arrivée prochaine de la Bonne Nouvelle, la promesse d’un monde meilleur et d’une nouvelle alliance de paix.

***

Mais tu n’as pas été que cela, sinon, personne ne serait venu honorer ta mémoire aujourd’hui.

Lorsque j'étais à l'école maternelle, tu m'as offert ceci :

C'était pour moi l'emblême annonciateur d'un autre monde, meilleur, dans les années 1970.
Un monde qui avait l’air vachement chouette, plein de couleurs. Un rêve, un imaginaire.
Et parmi d’autres de cette génération, tu en étais porteur, et parmi eux, pour moi, c’est toi qui m’as transmis ce rêve.

Tu étais alors adhérent de la CFDT, dont voici les brochures qui m'ont été transmises, là, à côté du livre des psaumes aujourd'hui :



Puis tu as eu, avant moi, ta carte à la CGT. Sur tes premières cartes d'adhérent, il y a même la signature d'Henri Krasucki (retour vers les brochures CFDT et le livre de psaumes bibliques)

Le russe blanc - Vous arrêtez là ! C'est trop long !

Moi - Non, on avait dit 4 pages, il me reste la fin !

Le russe blanc - Monsieur [le secrétaire de la section syndicale], veuillez vous lever et venir lire votre intervention s'il vous plaît.

Le secrétaire de section, voyant que je dis non, reste à sa place.
Le russe blanc s'énerve - Puisque c'est comme ça, on arrête la cérémonie ! Retirez le cercueil !

Et, joignant le geste à la parole, il retire quant à lui ses bougies, décorations, haut parleurs, devant l'assistance sidérée. Puis le cercueil est embarqué fissa dans le camion funéraire, tel un vulgaire objet : respect tout catholique du russe blanc fana de textes religieux pour les enterrements, pour l'enterrement de l'adversaire de ses ancêtres ?

Moi, à la section syndicale - vous n'avez pas pu lire votre texte. On n'a pas besoin de lui pour terminer l'enterrement.

Eux, rassemblés dehors - termine d'abord...

Moi - D'accord.

Les employés des pompes funèbres, passant - Madame, faut pas que ça prenne trop longtemps hein, parce que sinon, on va être en retard !!

Moi - Occupez vous de votre camion et laissez nous faire.

J'en étais là.
Et puis il y avait aussi le répartiteur et ses fils, les bretelles, où je me sentais chez moi, en sécurité, quand j’étais enfant. Tu y étais avec moi, mais le diable était resté à la porte : dans ces moments, il y avait moi, et la grosse machine dans laquelle nous étions, et ses bruits que seuls les techniciens, seuls nous, savons apprécier, comme une musique.
J’éprouvais cette même sensation, exactement celle-là, dans un autre lieu : l’atelier garage de mon grand-père, de ton père, avec tous ses outils bien rangés, chacun à sa place, sur les murs.
Mais je laisse la parole à tes camarades, à nos camarades.


Le secrétaire de section - C'est avec stupeur que les militants et adhérents de la section des retraités ont appris le décès de notre camarade.
Sa disparition est d'autant plus brutale qu'il participait récemment à la manifestation nationale des retraités, à Paris, le mardi 3 juin.
(...) Dans l'entreprise, le contexte social était très dur, nous étions en pleine privatisation. Les suppressions d'emplois étaient massives, les conditions de travail très fortement dégradées. L'entreprise, à cause d'un management brutal connaissait une vague de suicides.
Il participait à toutes les réunions de sa section syndicale, intervenait dans les assemblées générales, dans les manifestations, auprès des usagers, faisait signer les pétitions.
C'est dans cette période là que nous avons apprécié ses valeurs de solidarité et d'humanisme.
Sur les sujets de société et des problèmes d'environnement, nous appréciions également sa culture et son ouverture d'esprit.
Puis vient l'heure de la retraite et c'est tout naturellement qu'il continua son activité syndicale au sein de la section des retraités.
Là les revendications ne manquent pas car les retraités souffrent très durement des programmes d'austérité imposés par les différents gouvernements.
Il n'acceptait pas l'injustice, il militait pour un monde plus juste.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille.
Il nous manquera.



La voix off - Puis tout le monde part. Les un/e/s quittent la cérémonie, les autres se rendent au village, pour l'enterrement proprement dit.
La soeur cadette retrouve le cousin, venu à l'enterrement, et se fait emmener en voiture gratuitement par ses soins au village, après avoir lancé un regard noir de plus. Elle ne participera pas pour un centime à financer le goûter prévu après l'enterrement au village : c'est le cousin qui proposera, poli, lui, de contribuer.

Moi - Non, mais merci.

Le secrétaire de section, revenant - Juste avant mon intervention, si on avait eu les haut parleurs, on aurait passé ceci :



Le russe blanc - Arrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrgggggggggggggggggggggggggggggggggggggg !!!! Noooooooonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !!! Pas ça !!!! Je HAIS les rouges !!!

Moi - Tu te dis chrétien, mais tu t'es montré incapable d'enterrer avec respect celui que tu haïssais. Je te souhaite d'en répondre devant ton Dieu après ta mort, et devant ta conscience auparavant. Moi, j'ai rempli mes devoirs envers celui qui y a manqué envers moi. Maintenant, toi, disparais de mon champ de vision, fissa. Traiter une dépouille de cette manière, c'est sacrilège.

La soeur - TAIS-TOI ! SALE PUTE DE MERDE !!! TOUT EST DE TA FAUTE SALE CONNASSE !!! Tu salis mon père ! T'as sali mon père avec tes mensonges ! SALE PUTE DE MERDE !

La panthère des neiges, s'interposant  : "Cesse donc de te mentir à toi-même sur qui a fait quoi dans l'histoire, pour commencer"

La soeur - NON ! C'EST TOUT LA FAUTE A MA SOEUR ! MON PERE ETAIT UN BON PAPA ET MOI JE L'AIME ET ELLE N'A PAS RESPECTE CA ! ELLE A POURRI L'ENTERREMENT DE MON PAPA !

Et puis si elle avait pas foutu son bordel, on aurait terminé la cérémonie comme moi je voulais, en allant dire au revoir au défunt en touchant son cercueil sur l'air de cette musique :


Le russe blanc - La musique, c'est le mal. C'est interdit, dans une vraie cérémonie d'enterrement qui respecte les rites chrétiens.

Moi - Le voilà, le vrai responsable de l'interruption de la cérémonie...

La soeur - SALE PUTE DE MERDE ! FERME TA GUEULE ! FERME LA ! T'es complètement tarée d'façon !

Le père, contemplant la cérémonie depuis l'intérieur de son cercueil - Tu as bien agi, ma fille. Tu as bien fait de parler. Moi, je n'ai jamais parlé. J'ai agi. Ces mots ("sale pute de merde", "ferme ta gueule") sont les miens, car toute ma vie, j'ai regardé les femmes comme des putes. 
Sauf dans la chanson, là, lorsque j'ai failli perdre celle d'entre elles que j'aimais.

Et puis cette cérémonie était pas mal, finalement : même mort, j'ai foutu le bordel dans le bon ordre catholique qui m'a toujours étouffé...

N'oublie pas de reprendre le badge avec le soleil.

Moi - Je n'oublie pas non plus l'irréparable...tu n'as jamais été capable de l'assumer.

Lui - Ecoute, je suis mort, c'est trop tard.

La soeur - Laisse mon papa tranquille, sale connasse, sinon je te fracasse le crâne contre le mur du cimetière.

La panthère des neiges : "viens, laissons-là avec son deuil à elle...viens avec moi, qui suis le monstre le plus sanguinaire de cette histoire. Tu dormiras dans mon pelage et tu y trouveras chaleur et douceur..."

Lui, pour terminer, en reconnaissance, avant de s'éteindre définitivement - tu portes le même sac que moi...

Moi - C'est en effet ce qu'il a dit. Et en y réfléchissant, ce n'est pas faux.
Me voir traitée de folle ou de tarée l'insupportait. Mais c'est une autre histoire, et on la racontera peut-être une autre fois...

La soeur - J't'ai dit que j'avais imprimé tout ton blog et de NE PLUS Y RACONTER QUOI QUE CE SOIT SUR MOI MAMAN OU PAPA OK ?! Et tu m'as pas obéi ! Tu vas le payer t'entends ! TU VAS LE PAYER SALE PUTE DE MERDE !

Le père, jadis, devant la télé, alors qu'il y est question de prostitution, parle d'un ton de commisération et sympathie pour les pauvres prostituées victimes - une pute, quand elle parle et s'enfuit, son mac la retrouve et la coule dans le béton vivante.


Moi, à la panthère des neiges - tu sais quoi ? Je réalise là en l'écrivant, que c'est exactement leur peur : être enterrés vivants, c'est comme être coulés dans le béton vivant, non ?

La panthère des neiges : "c'est vrai. Mais les morts ne parlent plus, et ils ne le savaient probablement pas eux-mêmes : c'est la vacuité du vivant qui n'est jamais qu'ignorant de ses déterminants. Tiens, regarde-là, elle, qui rêve de t'éradiquer du monde, et le ferait si je n'étais à tes côtés pour lui faire peur ? Que sait-elle de ses raisons ?"

La voix off - en arrière plan, la soeur, enragée, continue d'imprimer les textes du blog, dans l'espoir d'en faire quelque chose pour faire taire son auteure.

Mais notre silence n'est que provisoire, et ne fait que conclure ce billet, de la manière usuelle :

***RIDEAU***


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