Le procès de ces exactions policières s’est achevé, très récemment, par la condamnation de dizaines de personnes impliquées (policiers, médecins, gardiens de prison).
Le film.
Dans l’établissement, se trouvent quatre-vingt-dix manifestant.e.s et journalistes, majoritairement étranger.e.s, qui s’apprêtent à passer la nuit à même le sol de l’école.
Alors que les forces de l’ordre font irruption, les jeunes militant.e.s lèvent les mains pour se rendre.
Imperturbables et implacables, les policiers se livrent à des exactions préméditées d’une violence inouïe.
Checchino Antonini
Journaliste et militant italien, il a écrit plusieurs livres sur les forums sociaux après Gênes ainsi que sur le processus de l’affaire Diaz, dont le procès a été récemment conclu par des condamnations pour abus de pouvoir et d’autorité.
Il a également participé à la rédaction de la bande dessinée « Bello Ciao », autour d’Aldrovandi, décédé après son arrestation et alors âgé de 18 ans : une contre enquête menée par le collectif Bello Ciao a permis une prise de conscience collective ainsi que la condamnation des policiers.
Le jeudi 21 octobre 2010, à Lyon
A partir de 13h30, environ 700 personnes, majoritairement des jeunes, voire des mineur.e.s, venu.e.s participer au mouvement contre la réforme des retraites, ont subi de l’autorité préfectorale une garde à vue en plein air totalement illégale et extrêmement violente Place Bellecour, afin de les empêcher de rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites réunissant salariés, étudiants et lycéens.
Stigmatisé.e.s comme « casseurs », ce via un tri au faciès, à l’âge, et au look (sweats à capuche et baskets de marque mal vus), Ils.elles ont alors été maintenu.e.s enfermé.e.s dans une nasse constituée de centaines de CRS, avec présence du GIPN.
Dans cet espace clos, sans possibilité de fuir, et sans savoir quand cela allait s’arrêter (ni si cela allait s’arrêter...), ils.elles ont alors étés insulté.e.s, filmé.e.s, arrosé.e.s à 3 bars de pression, gazé.e.s, mis en joue ostensiblement au flash ball, puis, vers 19h, autorisé.e.s à sortir, en devant pour cela subir l’humiliation supplémentaire d’un contrôle d’identité par les agents des forces de l’ordre qui, tout l’après midi durant, les avaient ainsi molesté.e.s et violenté.e.s.
La presse locale titrera par exemple : « les lycéens collés place bellecour », réduisant cette après midi de violence à une vulgaire punition scolaire, et reprendra majoritairement le stigmate de « casseurs », déniant ainsi d’emblée à des franges entières de la jeunesse leur légitimité à participer au mouvement contre la réforme des retraites, du fait de leurs origines populaires et périurbaines présumées.
Dès le lendemain pour dénoncer cette violence, cette atteinte aux droits fondamentaux et la scandaleuse discrimination au faciès, le Collectif du 21 octobre, regroupant plus de 30 syndicats, associations, partis, et des individuel.le.s, voyait le jour. Une action en justice contre les services de l’Etat fut alors lancée.
Elle est actuellement en cours d’instruction pénale.
Chaque année le 21 octobre, le collectif rappelle l’évènement pour que les lyonnais.es n’oublient pas, pour refuser la banalisation des violences policières en réponse aux mouvements sociaux, et pour répéter « plus jamais ça », jusqu’à l’obtenir.
Bertrand Sayn, avocat du Collectif, nous informera de l’évolution de l’instruction judiciaire en cours et participera au débat.
ZLR.
Liens :
- La plainte déposée par le collectif du 21 octobre est disponible ici, sur le site du collectif
- Les témoignages sur la prison bellecour du 21 octobre 2010, écrits à chaud et transmis à rebellyon
- Le 21 octobre 2011 : « Un an après »
- Le 21 octobre 2012 : « la prison bellecour, on n’oublie pas »
- Le 21 octobre 2013 : projection-débat du film « Diaz, un crime d’Etat », le tract du collectif
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Le CREA'tif aussi, a quelques souvenirs et analyses autour des événements survenus en octobre 2010 à Lyon :
- "Les sociologues" et l'hypothèse sociologique de la recherche des "montées d'adrénaline" : une analyse des propos de sociologues lyonnais tels que retranscrits alors dans les média locaux, qui montre que la stigmatisation des manifestant.e.s venu.e.s des quartiers périurbains populaires de la ville de Lyon, a été portée bien au-delà de la seule police, en réalité par l'ensemble de l'appareil d'Etat, sociologues et autres agents de l'Etat inclus. Cela peut nous poser la question de la place qu'on en arrive à occuper sans s'en rendre compte...et de comment, en y réfléchissant, la changer, pour participer à la réhabilitation sociale de ces camarades de lutte de 2010 et de l'univers social dont ils.elles participent : pour faire court, "la banlieue et sa jeunesse prolo".
- "Novembre 2010 : présidence = briseurs de grève. Une rhétorique imparable " : un dépieutage des propos du président de l'université Lyon 2, tenus début novembre 2010 à propos des étudiant.e.s de son université participant à la lutte contre la réforme des retraites. On retrouve là la même réthorique transformant des camarades en lutte contre la régression sociale, en casseurs et racailles délinquantes. Ce dépieutage démonte, pièce par pièce, la manipulation verbale mise en œuvre par le président pour nous salir.
Salir l'adversaire : voilà un moyen de petite frappe pour gagner une lutte. Un moyen affectionné par le sarkozysme, ainsi que par ses voisin.e.s situé.e.s juste à leur droite. Un moyen qui, par conformisme social et peut-être aussi par peur, a manifestement fait alors tâche d'huile bien au-delà des sarkozien.ne.s...
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