Bonsoir,
Nous avons, dans les coulisses, un débat qui s'amorce sur "être victime", "les différents sens du mot victime".
Avec l'autorisation de celle qui amorce ainsi, voici porté ici sur la scène ce qui se disait en coulisse.
Denise Schiller, qui fait partie de notre groupe ici depuis quelques temps déjà, a été, jadis, victime d'inceste. Aujourd'hui, elle aide d'autres victimes de traumatisme, mais elle n'est pas plus thérapeute que moi je n'écris des courriels qui concernent le monde universitaire (ne pas contredire l'autorité, ah mais). Qui plus est, loin d'avoir pour référentiel de travail les théories qui évoquent "la castration" (il paraîtrait que nous sommes tou/te/s castré/e/s, et que c'est bien, parce que c'est symboligène), "la Loi" (liée avec "le Nom du Père", et curieusement, jamais avec celui de la mère, allez savoir pourquoi), et autres concepts qui pourraient paraître bien étranges à, mettons, un persan en voyage un peu à l'ouest de chez lui. Denise Schiller parle souvent d'énergie(s), mais ce serait compliqué à vous expliquer en une fois. Moi je comprends assez bien, parce que même si nous n'employons pas les mêmes mots pour nommer ces énergies, je perçois aussi les relations entre êtres humains (et non humains) d'une manière assez ressemblante à cette théorisation-là.
Enfin, que vous soyez ou non victimes de traumatisme, il me semble également important d'ajouter (oui Denise, je me permets, même si tu ne m'as pas reparlé de ce pan-là pour ta présentation ici) que Denise Schiller est créatrice de vêtements. Plus précisément, d'un T-shirt standard par exemple, elle va vous faire un modèle unique et inimitable. Cela vaut d'autant plus le détour que, comme je lui disais en regardant une création dont je n'aimais ni les motifs ni les couleurs : "non mais c'est incroyable, même quand ce n'est pas à mon goût, c'est joli quand même !".
Joli quand même, parce qu'il y a un don pour l'agencement des formes et des couleurs, qui est une constante dans ces créations.
A ce stade de ma description, je vois déjà Denise Schiller protester, me disant que j'exagère, tout de même. Mais je persiste et signe, et j'ajoute même : si Denise Schiller était juste une créatrice de vêtements, j'aurais mis "créatrice de vêtements", mais sans les commentaires qui suivent sur les créations concernées.
Ceci étant, pour avoir un aperçu, plus que de longs discours, si vous avez besoin d'offrir des vêtements à des gens de votre entourage (noël, c'est bientôt ...), vous pouvez avoir un aperçu ici : http://crea-denise.vpweb.fr/default.html
[Depuis l'écriture de ce courriel, Denise a abandonné son activité de créatrice de vêtements, pour se consacrer à temps plein à son activité de thérapeute. On peut avoir un aperçu de ce qu'elle fait, ici :http://www.soinsenergetiques-reiki-voyance-denise.fr/]
Donc tout ceci étant dit, nous revenons au débat autour du mot "victime". L'intervention de Denise Schiller est en deux temps : le dernier, est sur les utilisations du mot victime :
"Pour moi, il y a deux niveaux de victime.
La victime psychologique, qui se sert du comportement de victime pour apitoyer son entourage et en tirer un bénéfice, voire qui se sert de son ressenti ou de son imaginaire de victime pour manipuler l'autre...
...et la "vraie" victime, celle qui porte la violence de l'autre et dont l'impact affaibli la personnalité, qui a perdu son estime de soi, qui n'est plus que l'ombre de son ombre, qui a perdu confiance en l'autre, voire qui ne voit plus en l'autre que son ennemi (tout ça grâce à l'impact de l'abus de l'autre, que ce soit physique via la violence et les attouchements, psychologique via les mots et comportements, ou sexuel). Le poids de la souffrance est permanent et peut amener à l'autodestruction ou tenter de détruire l'autre par vengeance.
Je peux aussi rajouter la victime qui a conscience que ce qu'elle porte et la met en position de victime ne lui appartient pas et que son âme ne se voit pas victime et va reprendre le cours de sa vie et s'opposer et traiter son mal pour se sortir victorieuse de cette ou ces agressions...
A méditer !!!!
Denise"
Il est précédé d'un premier temps, qui développe davantage sur l'importance des intentions :
"Je te réponds partiellement sur ce dernier mail car je me sens vivement interpellée par ce que tu y écrits.
Tu sais l'intention (pour citer ton exemple des balles de tennis), pour moi qui travaille au niveau des énergies, est déjà destructrice en elle-même. Ca me ramène à "l'intention" de la magie noire. Des pensées noires à l'intention d'une personne sont des énergies invisibles qui se diffusent et vont charger la personne à qui elles sont destinées. Et c'est ce cumul inconscient qui fait qu'un jour on ne comprends pas, on n'a plus le moral, on déprime... et puis on vient me voir pour que je dégage ces énergies, puis quand les personnes me donnent un retour de leur séance, elles me disent : oh, j'ai les idées plus claires depuis que je suis venue vous voir... pour moi les bonnes énergies, dégagées des mauvaises, reprennent leur cours normal, tout simplement.
Les mots sont aussi pour moi des agressions, voire des micro-meurtres, qui cumulés dans le temps forment un impact aussi puissant qu'un seul traumatisme physique violent. C'est des années après ce cumul (quand j'entends des gens parler d' "encaisser" ça me fait dresser les cheveux sur la tête, car pour moi cela veut dire accepter de recevoir "des coups" mais en refusant de croire que cela va nous impacter sous le couvert de l'orgueil et de l'égo) un jour, on s'effondre...
Tu parles de sadisme (ou sado maso, c'est aussi une expression qui convient), c'est bien cela que tu perçois, mais cela veut aussi dire que ces personnes, qui se comportent ainsi, ont des traumatismes relationnels qui datent probablement de leur enfance et ont du subir une forme de tyrannie affective. Leur comportement aujourd'hui à travers les mots et les comportements est la résultante de ce passé. Ils reproduisent ce qu'on leur a inculqué comme mode de conduite (non adapté bien entendu) ou transforment leur souffrance en agression pour se venger de tel ou tel comportement de l'autre qui lui rappelle ou le re connecte à une souffrance de ce passé.
Pour moi ce sont aussi des victimes en puissance mais qui ne se reconnaissent pas comme tel et qui banalisent leur comportement comme étant "normal".
Je ne peux les en blâmer, dans la mesure où le contact que j'ai avec des victimes et mon expérience/mes connaissances dans ce domaine aujourd'hui, me font voir que la société entière est pathologique. que tout un chacun est potentiellement porteur de souffrances.
Je peux même te dire que tous ces comportements, au niveau des énergies, créent, au niveau inconscient collectif, des masses d'énergies négatives qui se condensent autour et au dessus de nous et nous influencent en permanence. On continue donc ensuite, "nourri" par ces mauvaises énergies, à reproduire les mêmes comportements. C'est une sorte de cercle vicieux.... ce sont, à mon sens, des prises de conscience à ce niveau qu'il faudrait créer (ce sera d'ailleurs sans doute une part prochaine de mes activités... en tout cas j'y pense sérieusement )."
J'entends d'ici tou/te/s les rationalistes du groupe répondre : "la magie noire, peuh", et autres remarques dédaigneuses. Ce qui me fait réitérer mon "la castration, la Loi et le Nom du Père, peuh", comme quoi chacun ses peuh (Tobie Nathan et Patrick Deshayes, ici présents, me comprennent très bien et acquiescent à mon propos. Patrick Deshayes ajoute même - si si, vous le faites, vous l'avez déjà fait en cours à chaque cours, alors ne vous débinez pas, hein - que l'intentionnalité, les indiens amazoniens qu'il connaît ne cessent d'en parler, ce qui est une manière différente de décrire que la nôtre, axée le plus souvent sur le traumatisme voire le syndrôme de stress posttraumatique, qui ne distingue pas ce qui provient des lois de la physique et ce qui vient de la cruauté humaine).
Pendant ce temps-là, et en attendant qu'un/e chercheur/euse ou un/e autre se lance (dans le présent débat), je me permets d'ajouter, en retour, un texte qui résume pas mal "les victimes" telles qu'elles sont vues et théorisées par les recherches actuelles en sciences sociales (érudit, eh oui !) :
http://www.erudit.org/revue/as/2007/v31/n2/018691ar.html
Je remarque que dans ces analyses, l'importance de "l'intention" de l'autre qui transforme le soi en "victime", n'apparaît pas, et que d'autres catégorisations semblent en revanche plus importantes. Il est aussi question de "concurrence", de "compassion", etc. Toutes choses qui n'apparaissent, en revanche, ni dans mes propos, ni dans ceux de Denise Schiller, ni dans ceux de Francine, pour l'instant.
Dès lors, plutôt que de se dire "ah, un parti a raison, et l'autre a tort", il pourrait être intéressant de se pencher un peu plus sur ces différences et sur leurs raisons.
Certainement, pour employer le mot ad hoc, cela serait heuristique (et, comme tout le monde n'est pas chercheur/euse en sciences humaines sur cette liste, je traduis : "heuristique", c'est un mot pour dire tout simplement "susceptible de produire de nouveaux savoirs scientifiques". Quand on dit que quelque chose pourrait être heuristique, c'est un peu comme si, étant chercheurs/euses d'or, on disait "tiens, il se pourrait qu'un bon filon se cache dans cette roche". Aussi simple que cela).
Je note également, et notre invitée Liliane Daligand peut répondre si c'est inexact, que la vision de "la victime" construite par l'article d'érudit, ressemble pas mal à celle qu'elle construit elle aussi dans ses analyses à elle.
Voilà pour ce soir, à travers les mailles toujours inéluctablement ajourées du filet censeur ...
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